Deux jours maintenant que nous sommes remontés à l’observatoire. Le feu n’est pas encore éteint complètement, il reste encore des foyers en bas, mais c’est difficilement inaccessible. Il y a encore un peu plus de 300 pompiers sur place, et les hélicos bombardiers d’eau n’arrêtent pas leurs aller-retour. Malgré ça, nous sommes autorisés à rester sur le site. C’est qu’il n’y a vraiment pas de danger immédiat, parce que dans le genre prudent, ils sont sacrément prudents ici !
On a donc pu reprendre une activité normale, refaire fonctionner la manip et commencer à la prérégler pour nos nuits d’observation. La première nuit a été perdue, mais nous avons maintenant espoir que les deux suivantes soient possibles. On pourrait donc observer dès cette nuit (rien n’est sûr pour l’instant, s’il y a des odeurs de fumée, les coupoles pourraient rester fermées). On est remontés comme des pendules, et il nous tarde de faire tourner nos manips avec des étoiles plutôt qu’avec des diodes lasers comme c’est le cas depuis le début de la mission. Notre liste d’étoiles est prête, on devrait commencer par l’étoile Énif, dans la constellation de Pégase car l’étoile est haute en début de nuit (donc on traverse moins d’atmosphère pour limiter la turbulence), plutôt lumineuse (magnitude -0.5 dans l’infrarouge proche) et devrait nous donner des franges d’interférences bien contrastées.
Les prévisions météo pour les deux nuits à venir sont parfaites, avec une turbulence atmosphérique très faible (c’est un peu pour ça qu’on est venu à cette époque), un ciel bien transparent. Juste peut-être un peu de vent. Si on peut avoir nos deux nuits dans ces conditions, ce sera génial ! On espère ne pas avoir de soucis avec la manip.
Aujourd’hui, on va terminer le préparer le banc expérimental pour l’éventuelle nuit qui arrive. Pour l’autre expérience en parallèle, on va dérouler les deux bobines de 200m de fibre optique le long du bâtiment, histoire de défaire les nœuds, et rembobiner le plus proprement possible chaque fibre. Par la suite, ces fibres seront posées le long des tubes sous vide du réseau de télescope, et nous allons tester la stabilité (thermique, mécanique) de notre méga interféromètre avec des bras de 300m de long ! François nous a développé une petite boîte magique qui compense en temps réel toute fluctuation de longueur des fibres, avec une stabilité bien inférieure au micron. On a vérifié en début de semaine, en labo, fibres enroulées, que ça se passait bien (photo). Dehors, ce sera une autre histoire, les conditions environnementales seront bien plus compliquées…
Bref, tout va bien pour l’instant. On croise les doigts pour ce soir.
Les affaires reprennent !