Ça fait longtemps maintenant que je n'ai rien écrit sur nos aventures à l'observatoire du Mont Wilson. Et pourtant, la dernière mission remonte au mois de novembre/décembre dernier… mission pendant laquelle nous avons attrapé le covid sur place. Autant vous dire que ça a été une mission un peu galère. Sur nos cinq nuits d'observation, nous n'en avons eu qu'une seule. Et nous sommes restés bien plus longtemps que prévu, puisqu'il a fallu effectuer une période de quarantaine de 10 jours minimum, puis obtenir un certificat de guérison d'un médecin avant de pouvoir rentrer en France. Il a fallu modifier les billets d'avion, prolonger la location de la voiture, et tout un tas d'autres soucis. Sur ce coup, les services administratif du laboratoire XLIM ont été extra ! (merci Nathalie et Virginie, vous avez été super !). Et puis on était confiné au site de l'observatoire, pas enfermé dans notre cottage. Chaque soir, on avait notre petit rituel de marcher jusqu'à l'entrée de l'observatoire pour se dégourdir les jambes, et admirer le coucher de Soleil. Et on en a pris plein la vue !
Les missions encore précédentes, on avait fait le mauvais temps (un classique), les incendies (encore une mission mémorable), les ours sur le site de l'observatoire (on ne les a pas vus, mais des collègues astronomes si), et maintenant la covid ! Je vous avoue que je suis fébrile pour la prochaine mission.
Et cette prochaine mission, parlons-en. Elle démarre aujourd'hui. Enfin, ça démarre par l'habituel long trajet. À l'heure où je rédige, je suis dans le train (à lutter pour chopper du réseau pour rédiger ce billet), direction Paris. Autant dire qu'on n'est pas encore arrivés à l'observatoire ! Pour faire court, on dort à l'hôtel à Roissy ce soir (ça c'est cool, c'est vraiment sur place donc pas de pression), puis décollage demain matin. J'ai mon passeport, mon test négatif de moins de 24h, mes deux grosses valides remplies de matos et quelques fringues. Comme pour la mission précédente, Julie et François seront mes compagnons de fortune (croisons les doigts). Demain matin donc, décollage pour Los Angeles, où nous devrions arriver vers 14h (eh oui, les joies du décalage horaire, 9h de moins là bas en fait). Une fois sur place, il faut passer l'immigration. Pour François et moi, ça ne pose généralement pas de problème, ça commence à faire un grand nombre de missions, et ils commencent à nous connaître. Pour Julie, ça a été beaucoup plus compliqué la dernière fois. On est tombé sur un agent de l'immigration qui a fait du zèle, et pour qui un observatoire n'est pas un endroit valable pour être hébergé. Julie a mis plus d'une heure pour entrer dans le pays, et on a bien cru à un moment donné qu'elle allait se faire refouler ! Bref, c'est passé la dernière fois, et on pense que ça devrait aller pour cette mission. Je vous dirai ça une fois sur place. Le temps de récupérer la voiture de location, de se diriger vers le Mont Wilson, de faire un arrêt pour faire les courses, il devrait être aux environs de 18h quand on va arriver à l'observatoire (soit trois heures du matin en France). On arrive généralement un peu fatigués !
Bref, très heureux de pouvoir participer à cette nouvelle mission. Les objectifs scientifiques sont nombreux, et primordiaux pour notre activité de recherche. Lors de la mission précédente, on a pu faire pas mal de choses, notamment installer les fibres optiques entre les deux télescopes Sud1 et Sud2 pour transporter la lumière du laser. Mais sur les expériences scientifiques à proprement parler, on n'a pas pu vraiment avancer à cause de cette satanée covid. Autant vous dire que le programme est ultra chargé. La mission va durer deux semaines et demi, et on aura bien besoin de tout de temps là. Au total, on a à notre disposition cinq nuits complètes, et une demi-nuit. Et ça c'est cool parce que la demande de temps de télescopes est très forte. Pour vous rendre compte, voici le planning de l'utilisation des télescopes du réseau CHARA. Vous pouvez vous amuser à nous chercher dans le planning. Nous, c'est « ALOHA » (pour Astronomical Light Optical Hybrid Analysis, les scientifiques aiment bien trouver des acronymes cools pour leur projet !), et ça veut aussi dire bonjour en Hawaien (nous avons aussi effectué plusieurs mission à l'observatoire du Mauna Kea à Hawai. Pas moi personnellement, mais François avec d'autres collègues).
Je vais essayer de rédiger régulièrement quelques articles de blog pour vous tenir au courant de l'avancée de la mission. En parallèle, j'utiliserai mon compte Mastodon (pour ceux qui m'y suivent) et mon compte twitter (pour ceux qui n'ont pas la chance d'utiliser Mastodon) avec le hashtag #CHARA2022.
Je vous tiens au courant :-)