6 Jun 22

Mission CHARA juin 2022 : c'est parti pour la mission #9

Catégorie : Recherche

C'est déjà ma 9e mission à l'observatoire du Mont Wilson. À force, on s'y sent un peu comme à la maison, on retrouve nos petites habitudes sur place, nottre cottage (c'est pas le grand luxe, mais on y vient bien quand même), ma petite chambre de 2.5m × 2.5m × 2.5m (en fait, je dors dans un cube !).

Ces missions, c'est toujours la grande aventure. Rien ne se passe jamais comme prévu (voir par exemple ce billet de blog de 2017). Eh bien pour cette mission là, ça n'a pas loupé ! En cette période de covid, on a fait super gaffe à deux semaines de partir. Masques, gel, autotests tous les deux jours, etc. Ça serait dommage de manquer la mission juste à cause d'une petite infection virale. Le décollage pour Los Angeles étant calé le 3 juin, il fallait faire notre test antigénique le 2 (moins de 24h avant le décollage). Et Julie, notre doctorante, s'est retrouvée positive deux jours avant de partir ! La pauvre était dévastée. Il s'agit de la mission la plus importante de sa thèse, où on va faire « la manip », celle qui est l'aboutissement de plusieurs années de recherche. Satanée loi de Murphy !. On est donc partis à deux seulement avec François, heureux d'un côté de pouvoir faire cette mission (on aurait pu être positifs aussi), mais tristes que Julie ne puisse pas venir avec nous.

Heureusement, tout n'est pas perdu, Julie est négative aux autotests depuis quelques jours. Restait à pouvoir changer le billet d'avion. Et là, on est parti vers une grosse galère, avec un service après-vente de la société qui a le marché des transports à l'Université proche du zéro absolu. Aucune réponse de leur part malgré plusieurs mails où on avait bien indiqué le caractère urgent de la chose. On a vraiment une super secrétaire au labo, qui s'est démenée pendant tout le week-end pour essayer de changer le billet. Gros problème avec ces plate-formes, c'est qu'on a aucun interlocuteur, juste par mail. Il a fallu qu'on leur envoie un mail incendiaire, menaçant de saisir le service juridique de l'Université pour que ça bouge enfin ! Et Julie a enfin pu avoir son billet d'avion. Elle nous rejoindra donc le mercredi 8 juin (et le temps de redescendre à l'aéroport de Los Angeles, puis de remonter à l'observatoire, notre journée sera vite passée). On croise les doigts !

Depuis trois jours, on monte la manip en l'attendant. Il y a pas mal de choses à installer, cette expérience commence maintenant à être compliquée, avec beaucoup d'éléments à faire fonctionner ensemble, et tout un tas de raisons pour que des problèmes apparaissent ! Pour vous donner une image, c'est un peu comme prendre une photo de mariage au moment où tout le monde a les yeux ouverts et sourit, pas facile :-)

Asservissement de la longueur des fibres optiques
Asservissement des longueurs des fibres optiques : presque 2 × 300 m de fibre optique en tout, dont la longueur est maintenue constante en temps réelle, et fluctue de moins de 10 nm (millionième de mm). Une étape cruciale pour la suite de la manip.

Dans les missions précédentes, on a à chaque fois validé une étape, une brique du puzzle. Cette fois, on assemble toutes les briques du puzzle en même temps, et on se retrouve avec une expérience assez complexe, on ne sera pas trop de trois pour la faire fonctionner. Il y a tout une partie (installation du matériel et alignements optiques dans les lignes à retard) qu'on ne pourra faire qu'au dernier moment, juste avant de commencer nos nuits d'observation. Pour l'instant, on ne peut pas installer notre matériel dans les lignes à retard car c'est utilisé pour d'autres expériences. Ça nous laissera donc peu de temps pour finaliser la manip. Ensuite, on aura 5 nuits d'affilée pour essayer d'atteindre notre objectif. C'est à la fois beaucoup et très peu.

Pour l'instant, la météo semble plutôt clémente pour les jours à venir, pourvu que ça dure…

Télescope Hooker à l'arrière plan, et nos fibres au sol
Télescope Hooker à l'arrière plan (miroir primaire de 2 m 54), et à l'avant plan les tuyaux sous vides utilisés actuellement pour acheminer la lumière des télescopes vers la station de recombinaison, et au sol, nos fibres optiques, qui devraient on l'espère à terme remplacer les tubes sous vide.